Argent
Placement sans risque
Les nouveaux habits du PEL
La rémunération du PEL s'établit désormais à 2 %. Mais les plans ouverts avant le 1er février 2015 conservent leur taux d'origine de 2,50 %. Tant mieux pour leurs détenteurs !
C'était dans l'air... mais rien ne laissait présager de l'imminence de la décision : le taux du Plan d'épargne logement (PEL) est tombé à 2 % bruts pour tous les plans ouverts depuis le 1er février 2015. Les plans souscrits avant cette date continuent, c'est tant mieux, de bénéficier de leur rémunération d'origine, soit 2,50 % pour les PEL ouverts entre le 1er août 2003 et le 1er février 2015.
Taux net de prélèvements : 1,69 % contre 2,11 % avant février 2015
Pas d'affolement donc puisque la très grande majorité des épargnants bénéficie toujours d'une rémunération imbattable pour un placement aussi sûr. En effet, une fois les prélèvements sociaux déduits, le taux net de la précédente génération de PEL ressort à 2,11 %. Difficile de trouver mieux pour votre épargne sans risque.
Mais, que ceux qui n'avaient pas encore ouvert de PEL se rassurent : il est encore temps de le faire. Le rendement du PEL depuis le 1er février est certes moins avantageux que pour ses aînés, mais il reste attractif. Le taux net de prélèvements sociaux ressort désormais à 1,69 %, les intérêts étant exonérés d'impôt jusqu'au 12e anniversaire du plan. Un niveau encore largement supérieur au 1 % du Livret A, que Bercy a décidé de maintenir inchangé le 1er février dernier en dépit de l'absence d'inflation. Mais le taux du PEL est aussi une aubaine comparé aux placements longs : le taux des emprunts d'État de référence, l'OAT 10 ans, flirte tout juste avec 0,6 % depuis quelques semaines.
Un placement de taux très bien rémunéré
La comparaison du PEL avec le fonds en euros de l'assurance-vie est désormais moins flatteuse puisque les fonds en euros devraient en moyenne afficher un rendement de 2,50 % bruts en 2014. « Le PEL a perdu de son pouvoir d'attractivité par rapport à l'assurance-vie, mais il reste très bien rémunéré dans le contexte actuel de taux d'intérêt », confirme l'économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'Épargne.
Le PEL n'est certes pas un concurrent direct du Livret A ni de l'assurance-vie. En effet, il ne s'agit pas d'un placement liquide sur lequel on peut effectuer des dépôts et des retraits au gré de ses besoins. Bien au contraire : tout retrait entraîne la clôture du PEL, quel que soit son âge. Autre contrainte, le PEL doit être alimenté par des versements réguliers. Il faut y déposer au minimum 225 euros à l'ouverture, puis 540 euros par an, sous forme de versement mensuel (45 euros minimum), trimestriel (135 euros) ou semestriel (270 euros). Il est aussi possible de réaliser des versements supplémentaires ponctuels, sans contrainte de montant, dans la limite du plafond de 61 200 euros. À noter : on ne peut détenir qu'un seul PEL par personne.
Horizon de placement : au moins deux ans
Attention, en cas de retrait sur le PEL avant deux ans, les intérêts sont recalculés au taux du Compte épargne logement (CEL) en vigueur à la date de clôture, soit 0,75 % actuellement (0,63 % après prélèvements sociaux). Un taux cette fois largement inférieur à celui du Livret A. Le PEL n'a donc de sens pour placer votre épargne sans risque qu'à condition de bénéficier d'un horizon de deux ans minimum.
Vous pouvez alimenter votre PEL jusqu'à son 10e anniversaire. Les particuliers ayant ouvert un PEL ces dernières années, sur les conseils de leur banque, pour profiter d'un taux de 2,50 %, ont donc tout intérêt à continuer à y placer leur épargne pour profiter de cette rémunération. Au-delà de 10 ans, il n'est plus possible de réaliser de nouveaux versements mais l'épargne continue à fructifier. Les PEL ouverts depuis le 1er mars 2011 ont une durée de vie limitée à 15 ans, au-delà de laquelle ils seront transformés en compte sur livret. Les plans plus anciens bénéficient quant à eux d'une durée de vie illimitée, avec parfois des rémunérations très attractives selon les générations.
Mais, attention, au-delà du 12e anniversaire, les intérêts sont soumis à l'impôt sur le revenu en plus des prélèvements sociaux (15,5 %). Ce qui diminue sensiblement la rémunération, en particulier pour les contribuables imposés dans les tranches les plus élevées du barème. Les foyers non imposables ou faiblement taxés continuent cependant à bénéficier, même après 12 ans, d'une rémunération élevée. Ainsi, un particulier ayant ouvert un PEL entre le 16 mai 1986 et le 6 février 1994 au taux de 4,62 % (hors prime d'État) bénéficie, encore aujourd'hui d'un taux net de prélèvements sociaux de 3,90 % s'il est non imposable. Imbattable !
Crédit épargne logement : pour plus tard peut-être
Après une phase d'épargne de 4 ans minimum sur le PEL, il est possible, mais pas obligatoire, de demander un prêt épargne logement dont les conditions sont strictement définies dès l'ouverture du PEL. Pour les plans ouverts depuis le 1er février 2015, le taux de ce crédit immobilier s'établit à 3,20 %, contre 4,20 % pour la génération précédente de plans, ouverts entre le 1er août 2003 et le 1er février 2015. Les épargnants détenant aujourd'hui un PEL de plus de 4 ans n'ont aucun intérêt à demander un crédit à 4,20 % puisque ce taux est nettement supérieur à ceux constatés du marché (2,29 % en moyenne selon l'observatoire Crédit Logement). Le taux d'emprunt du « nouveau PEL » (3,20%) est certes plus avantageux, mais il ne sera possible d'en bénéficier que dans quatre ans pour les PEL ouverts actuellement. Impossible de savoir si, en 2019, ce taux de 3,20 % sera attractif ou non ?
Reste à rappeler que ce prêt PEL ne peut financer que la résidence principale de l'emprunteur, des travaux sur la résidence principale ou l'achat de parts de SCPI. Son montant dépend des intérêts acquis durant la phase d'épargne donc du capital accumulé sur le plan. Le prêt est plafonné à 92 000 euros, sur une durée de 2 à 15 ans.
À noter : l'octroi d'un crédit épargne logement permet de bénéficier d'une prime de rendement sur la rémunération du PEL. Celle-ci s'établit à 2/5 des intérêts acquis, et est plafonnée à 1 525 euros si le prêt à vocation à financer un logement vert respectant les normes BBC et 1 000 euros dans le cas contraire. « Les banques considèrent le crédit épargne logement comme un apport personnel. Cela peut justifier un surcoût car il permet parfois de crédibiliser un dossier », explique l'économiste Cyril Blesson, associé du cabinet Pair Conseil. Verdict dans 4 ans.